La vallée de l’Orkhon doit son nom à la rivière Orkhon qui la traverse.
Des reliefs montagneux, de la neige, quelques pannes, des cours d’eau et des cascades de glace, voilà en quelques mots ce qui vous attend de la suite de notre périple…
Pour faire cette excursion, nous sommes partis de Karakorum avec pour chauffeurs de choc le frère et la belle sœur de notre hôte. Et ça tombe bien, voici pour l’occasion la rubrique que je vous avais promise dans mon dernier article (si vous l’avez raté, vous pouvez le retrouver ici).
La conduite en Mongolie
Dans le guide touristique, il y avait écrit un truc du genre « si vous voulez conduire en Mongolie, c’est à vos risques et périls »… Nids de poules, routes globalement très accidentées (quand il y a des routes…), les pannes sont très fréquentes : les mongols s’entraident beaucoup et il est rare qu’ils laissent une voiture en panne sans venir filer un coup de main, mais le problème, c’est que dans certains coins, vous pouvez rester plusieurs jours sans croiser personne… On s’est dit que ce serait peut-être plus facile (d’autant plus en hiver) de prendre le bus et/ou un chauffeur, surtout si on ne veut pas rester toute une nuit perdus au milieu des steppes.
Dès notre trajet en bus, on s’est rendus compte que la conduite était en effet assez folklorique là-bas. La route qui relie Ulan Bator à Karakorum est quasiment toute droite et il faut croire que les mongols s’ennuient sec. Alors c’est un peu à celui qui doublera le plus de voitures, ou celui qui doublera celui qui doublera les voitures (un petit côté Mario Kart sans les peaux de bananes…). Certains tentent même le doublage de plusieurs voitures jusqu’à se rabattre à la dernière milliseconde en croisant une voiture en face ! Autant vous dire que j’ai frôlé l’arrêt cardiaque plusieurs fois….
Vallée de l’Orkhon
Mais revenons-en à nos yaks, euh notre excursion vers la vallée de l’Orkhon, qui était encore plus dingue, et pour cause : nous avons eu 4 pannes sur la route ! Après avoir suivi une route de plus en plus accidentée, nous avons coupé directement à travers steppes ! Nous voilà donc ballotés de gauche à droite, de haut en bas. Pour vous donner une idée, c’était un peu comme si nous étions enfermés dans une bouteille d’Orangina (en mode secouez, secouez-moi..) pendant environ 5 heures. J’ai donc sagement abandonné toute idée de boire de l’eau ou même avaler quelques chips, j’essayais juste d’imaginer le nombre de galettes que ma mère aurait pu envoyer à la seconde, elle qui a le mal des transports…
La musique mongole passait en boucle, les paysages autour de nous dansaient et tanguaient comme des fous, et nous rigolions par dessus tout ça comme deux imbéciles heureux. Les paysages traversés étaient magnifiques : au départ assez plats, ils nous offrirent progressivement de plus en plus de reliefs, nous avons vu pousser des vallées, puis des collines, puis des montagnes ; les touffes d’herbes se transformèrent en buissons, puis en arbrisseaux, puis des arbres très fins mais très hauts. Les régions désertiques nous parurent de plus en plus loin, surtout que nous commencions à croiser des cours d’eau…

Vint l’heure de notre première panne, la plus longue, en dérapant lors d’une côte trop verglacée. Très flegmatique (on sent les habitués), notre chauffeur tout terrain ouvre la boîte à gants remplis d’outils divers : n’y connaissant rien en bidouillage je m’exprimerai donc ainsi… Il a pris un truc, revissé un machin dessus, a éteint des bidules, est sorti de la voiture, a branché un jenesékoi partant du moteur vers l’intérieur de la voiture… Notre mac Gyver mongol, peine malgré tout à nous sortir de là, après 4 tentatives où nous repartons, la voiture redévale et finit par caler à chaque fois… Au bout d’une demi heure, malgré les « don’t worry, don’t worry » enjoués de la belle soeur de notre hôte, je fais une analyse rapide de la situation : nous avons donc une voiture prisonnière des glaces en pleine nature, nous n’avons croisé personne, il fait -30 degrés, j’ai une grande bouteille d’eau et des chips, un duvet, il y a des couvertures dans la voiture… Quelles sont nos chances de survie ? Pas le temps de réfléchir plus loin, ouf sauvés, la voiture repart enfin !!
Il faut croire qu’on s’habitue vite, les autres pannes se feront dans la joie et la bonne humeur : on en profite pour faire une pause pipi, boire un peu d’eau, on aide a pousser la voiture, on enlève quelques grosses pierres, on déblaie de la neige : le tout rythmé par des « funny », ou des « ohhh it’s beautiful », ou juste des signes pour se faire comprendre de nos guides nomades.
La rivière d’Orkhon
Notre premier arrêt extra panne se fera dans la vallée de l’Orkhon au premier point de vue vertigineux sur la rivière d’Orkhon…. Et là, malgré le vide qui me sépare de l’eau, le spectacle est divinement beau… Le ciel est bleu, la rivière d’un bleu profond serpente gaiement au milieu d’une nature verdoyante ! De l’autre côté, des yaks et des chevaux nous saluent, un yak nous tire même la langue (je prends ça pour un privilège)…



Nous repartons ensuite de plus belle, difficile de savoir comment notre chauffeur se repère dans un lieu ou tout peut-être un chemin potentiel : est-ce qu’il s’aide de la position du soleil, il jauge l’état du chemin en fonction des caillasses, ou des traces sur la neige… Parfois il rebrousse chemin fasse à un obstacle, met un gros coup d’accélérateur pour passer sur un gros caillou… Nous sommes admiratifs. Nous finissons par croiser quelques motos, avec parfois 3 ou 4 personnes emmitouflées dessus, en plein milieu de paysages enneigés… C’est fou !! Nous en relèverons un qui est tombé sur la route…
Cascade de glace de la vallée de l’Orkhon
Après quelques arrêts pour admirer tantôt les chevaux, les pannes et autres aventures mongoles, la lumière commence à baisser et on commence à avoir peur de rater THE coucher de soleil sur la cascade de glace dans la vallée de l’Orkhon… Nous arrivons près de notre campement nomade quand arrive la dernière panne.. Nous donnons toute l’énergie qu’il nous reste pour que la voiture reparte, mais la bête ne daignant pas bouger d’un phare, on se dit qu’on est trop près du but ; alors nous décidons de laisser la voiture là et de courir jusqu’à la cascade… Vous vous en doutez, la magie opère : le soleil rougeoyant se reflète sur la glace de la cascade, et l’eau des chutes est figée par la neige, mais chaque aspérité filaire tombe vers le sol comme si elle coulait encore. Ce paysage hivernal nous offre un arrêt sur image somptueux. Il fait froid, mais nous n’avons pas envie de rebrousser chemin tout de suite. Nous profitons du coucher de soleil jusqu’au bout, heureux comme des fous d’avoir tous ces trésors à portée de main rien que pour nous (c’est ce qu’on appelle un Nomad’s land).



Nous nous installons pour la nuit chez les parents de notre hôte, c’est plus sommaire et rustique, c’est dire. Nous faisons pipi par -30 en pleine nature, c’est vivifiant et sportif (oui, pas facile quand on a le sous pantalon, la combi, les sous gants, les moufles…).
Ce soir là, nous échappons miraculeusement au lait de jument et mangeons des nouilles avec de la viande presque séchée, je dois dire que c’était pas mal ! Le cadre est magnifique, nous sommes entourés de quelques montagnes, de chevaux, et à part les chiens, c’est le silence complet.


Comme chaque soir, nous ressortons pour aller compter les étoiles : Et là, je suis émue tellement il y en a…. Je peux dire que je n’en ai jamais vues autant que cette nuit là. Tout le ciel est moucheté de haut en bas, nous restons une bonne demi-heure pour en profiter comme il se doit (ça paraît peu dit comme ça, mais vu le froid et surtout la brise de ce soir là, ça relève du défi !)

Le lendemain matin, nous retournons voir la cascade de la vallée de l’Orkhon de jour, puis allons faire coucou aux chevaux. Le retour vers Karakorum se passe beaucoup mieux qu’à l’aller, on met seulement 3 heures au lieu de 5 pour rentrer !!


A propos des yourtes
La yourte (appelée Ger par les Mongols) est l’habitation traditionnelle des familles nomades de Mongolie.
La yourte se compose de murs formant l’arrondi de l’habitation, d’une porte en bois, de perches qui composent la charpente de l’habitation, de deux piliers centraux au milieu desquels se place traditionnellement le poêle à bois, d’un cercle au niveau du toit pour laisser passer l’évacuation du poêle et la lumière du jour, d’une isolation en feutre très efficace contre le froid et la chaleur ainsi que d’une toile extérieure de coton placée sur le feutre.
A l’intérieur, tout s’organise autour du poêle central, les banquettes (assez dures je dois dire) sont disposées de façon arrondies contre les murs. Les tables basses ainsi que le mobilier sont très colorés, avec du bleu du vert, du rouge, du orange… Dans notre yourte il y avait le portrait de Gengis Khan accroché.
Quelques rituels sont bons à savoir avant de partir, même si je dois le confesser, j’ai lu cela dans le guide un peu tard pour le mettre en pratique… Il faut normalement toujours entrer du pied droit dans la yourte, ne pas rester debout une fois entré. Il ne faut pas non plus passer entre les deux poteaux centraux, et ne rien jeter dans le feu. Un homme est tenu d’accepter traditionnellement le lait de jument fermenté, mais la femme peut seulement tremper ses lèvres.

Voilà donc pour la découverte de la magnifique vallée d’Orkhon ; je vous ferai bientôt quelques articles avec toutes les informations pratiques, que ce soit pour les visas où les choses à penser à amener avant de partir.
Si vous souhaitez découvrir d’autres articles sur le sujet, je vous conseille de suivre les aventures de Nath et Tim en Mongolie : c’est par ici !
En attendant, vous pouvez aller voir mes articles sur la suite de notre périple : nous avons marché sur le lac Baïkal gelé en Sibérie !
21 Comments
Emeline
22 octobre 2017 at 11:36Wahou, je reste scotchée ! Quelle aventure ! Et quels paysages incroyables ; les photos sont superbes. Je veux partir tout de suiiiite ! A bientôt 😉 Emeline
lalykorneillettree
22 octobre 2017 at 16:52Je pense que tu aimerais, c’était vraiment une belle aventure, contente que l’article te donne envie d’y aller !! Bisous <3
Charlène Jiho Travel Blog
22 octobre 2017 at 09:46Les photos sont magnifiques <3
lalykorneillettree
22 octobre 2017 at 10:45Merci beaucoup pour ton commentaire, bisous <3
Betty
23 octobre 2017 at 07:38Ces paysages sont tellement beaux ! ça doit être magique de passer ces moments avec les habitants dans les yourtes 🙂
Bon par contre les transports… ça a l’air bien roots ! 😀
lalykorneillettree
23 octobre 2017 at 08:21Merci Betty <3 ! Oui les rencontres avec les locaux étaient magiques !! Niveau transports, c'est vrai que c'était un peu fou, mais finalement, c'était drôle aussi ! Bisous !
Alexis - Le Petit Explorateur
23 octobre 2017 at 12:20Comme c’est beau ! J’adore en particulier les cascades gelées, figées dans la glace, c’est magnifique. Ces paysages d’ordinaire font déjà rêver mais là, en hiver, c’est encore plus féérique.
Ca me fait tellement envie ce pays 🙂 Merci pour la belle découverte 🙂
lalykorneillettree
23 octobre 2017 at 15:51Merci beaucoup Alexis, la cascade de glace était magnifique, d’autant plus avec les lumières du coucher du soleil !!! C’est totalement magique en hiver, même si ça doit être beau aussi en été… Mais tu connais ma fascination pour la glace et la neige 😀 😀 ! Merci beaucoup pour ton commentaire, je ferai un article davantage orienté infos pratiques bientôt… Bisous !
tania
25 octobre 2017 at 04:37merci pr ce retour
j imagine faire pipi par – 30 non en fait j imagine pas ah ah
même s ils sont habitués la 1ère panne tu dois avoir les pétoches qd même
1 auyte monde vraiment
lalykorneillettree
25 octobre 2017 at 06:54Oui un autre monde à l’opposé de nos habitudes et de notre mode de vie, c’est ce qui est le plus dépaysant… Et les paysages sont magiques !!!! Oui, la première panne surtout nous a fait flipper :D, les autres ont duré moins longtemps 😀 ! Merci pour ton commentaire ! Bisous
kikimagtravel
25 octobre 2017 at 20:11(un petit côté Mario Kart sans les peaux de bananes…). avec cette phrase je sais déjà que je vais me régaler de te lire haha. Merci pour cette nouvelle découverte qui sont d’ailleurs toutes aussi surprenantes les unes que les autres. Quel aventure incroyable! Entre les pipis sous -30 degrés et ses yourtes, ça fait rêver et rire à la fois 🙂 Les photos sont super !!!
lalykorneillettree
25 octobre 2017 at 20:42Merci beaucoup Laetitia ! Aurais-je à faire à une amatrice de Mario Kart 😀 ? Contente que nos aventures mongoles te plaisent, on s’est régalés tellement les paysages étaient dingues… Et c’est vrai, on a bien rigolé !! Hâte de découvrir tes articles sur l’Ecosse et l’Irlande, tu vas me faire rêver également <3 !! Bisous
Céline
3 novembre 2017 at 13:11Amandine, tu m’as, encore fois, complètement embarquée dans ton récit. J’étais dans la voiture avec vous, secouée comme une bouteille d’orangina 😉 Merci pour cette jolie découverte, encore une destination qui sort de l’ordinaire que tu nous fais vivre au travers de ton récit vivant, sans prise de tête… comme j’aime les lire !
lalykorneillettree
4 novembre 2017 at 17:18Chaque message est une grande bouffée d’oxygène, je suis ravie de t’avoir embarquée dans nos aventures !!! Et hâte que tu m’emènes en décembre dans les tiennes, ça va être de la pure folie…. Bisous <3
Itinera Magica
3 novembre 2017 at 18:06Ahlalala mais c’est tellement magique !! Cette aventure ! cette cascade ! cette voiture prisonnière des glaces ! t’es mon héroïne à moi !
lalykorneillettree
4 novembre 2017 at 17:16T’es trop mignonne, tes commentaires sont toujours un condensé de soleil, de gentillesse et de bonne humeur !!! C’était génial comme expérience, j’ai très envie de retourner en Mongolie…. Bisous Alexounette 😉
Marion
6 novembre 2017 at 21:06Ahaha, là aussi tu parles de choses qui me sont familières : la musique mongole (tu avais parlé des clips à l’eau de rose aussi, c’est tellement ça! On a fini par acheté une compile, sur les conseils de notre chauffeur-chanteur), et les voitures cascadeuses 😉 Nous on n’a pas eu de panne (mes pauvres, ce a du vous paraître long tout ça !) mais ça secoue pas mal 😉
J’adore tes photos de l’Orkhon, et de la cascade <3 Elle était la raison de notre choix de rando, et le jour où nous y sommes allés était le jour où j'étais le plus malade 🙁 j'en ai du coup, beaucoup moins profité. Mais quand je vois tes photos, cette merveilleuse cascade de glace, je me rappelle la puissance des chutes et pleins de belles images me reviennent en mémoire. Malgré la fatigue et la douleur, j'avais adoré cet endroit.
Les photos des yourtes avec la neige et la nuit tombante, puis celles des étoiles sont tout simplement magiques. Les nuits mongoles sont tellement belles… Merci de nous faire voyager l'hiver, j'adore voir ces contrastes, c'est magnifique.
Je m'en vais maintenant marcher avec toi sur le Lac Baïkal 😉 A toute suite!
Marion
lalykorneillettree
7 novembre 2017 at 12:07T’es trop mignonne, merci pour tous ces chouettes mots, je me régale à te lire <3 !! Ah mince, je ne me souvenais plus que tu avais été malade sur place ! Mais tant mieux si le lieu garde quand même toute sa magie dans tes souvenirs, c'est vrai qu'on s'est vraiment sentis seuls au monde avec des paysages sublimes et les étoiles là-bas !! As-tu le souvenir aussi d'avoir vu les étoiles comme jamais en France ? Pourtant j'en ai vues beaucoup en Auvergne et dans le Perche (où il n'y a pas beaucoup de pollution lumineuse), mais là.... C'était dingue !! L'hiver, les steppes mongoles sont vraiment magnifiques, mais ça n'empêche qu'avec ces douces teintes vertes et jaunes, on a bien envie de découvrir aussi ! Qui sait, peut-être pour une prochaine fois !!
Bonne journée Marion, et je cours répondre à ton dernier commentaire, merci <3 !!
Lauriane
20 novembre 2017 at 08:33Ce trajet m’avait l’air folklorique, mais que de souvenirs à en raconter 🙂
Trop mimi ces yaks avec leurs couvertures, encore plus mimi que leur petite langue qui se cure le nez ><
lalykorneillettree
22 novembre 2017 at 12:00Oui c’était un voyage complètement étonnant à tous les niveaux, et qui a chamboulé nos repères et notre confort habituel !! C’était chouette comme expérience, et riche en rencontres, en paysages magiques et en aventures inédites !!!
Ju
31 décembre 2018 at 14:16Bonjour la Lykorne,
j’avais lu avec grand plaisir tes articles à propos de la Mongolie avant de partir, au printemps dernier, et nous avions échangé 2,3 commentaires sur instagram …
Nous avons été plus vers le sud dans le Gobi, mais les traditions restent les mêmes !
Sinon point de neige en mai mais du vent à décorner un yack !
J’ai écrit aussi à propos de cette contrée des plus inspirantes :
https://woodandbeers.fr/mongolie/
Au plaisir !